Je lis avec intérêt le "débat sur la 3D ça vous tente ?" initié par Shotaro. Quelques réflexions supplémentaires.
1 l’outil.
S’interroger sur l’usage de l’informatique et des logiciels comme outils d’évaluation, de création ou de synthèse est une question d’arrière garde. L’ordinateur est un outil de notre temps qui influence la technique, la science et l’art.
J’ai envie de la comparer à la roue dont l’invention bouleverse l’humanité et engendre une évolution jusqu’à l’engrenage ou le roulement à bille. Elle produit aussi une conscience cognitive. L’évolution de l’informatique est beaucoup plus rapide que la roue (quand je suis né un ordinateur avait la taille d’un appartement, 50 ans plus tard il y a plusieurs PC individuels dans un seul appart) et participe pleinement de notre quotidien matériel et intellectuel.
2 le réalisme et la 3D
Historiquement, je crois que la 3D est créée au carrefour de domaines scientifiques et techniques dans le but de recréer la réalité en tant que physique de l’objet. Les bureaux d’études des industries l’intègre pour l’aide à la conception topologique et physique. L’industrie cinématographique l’exploite pour l’animation de personnage virtuel s’intéressant aussi bien au squelette qu’aux formes, marche, préhension, expression faciale... et d’autre part, les effets spéciaux, soit des cinématique et dynamique qui génèrent des séquences avec un rendu mécanique et physique plus proches des comportements réels.
Lorsque que la 3D se popularise dans les années 90, elle hérite naturellement du concept de réalité dont elle est née.
3 art et rendu 3D
Une image qui "parle" à celui qui la regarde ou, au contraire, qui le "laisse froid", ne peut pas établir un concept d’art. On doit dépasser la sensualité ordinaire pour trouver l’esthétique d’art, laisser la dualité attirance/répulsion souvent posés par rapport à l’autre et souvent dans une intolérance relative. Seules l’harmonie de l’image (soit la convenance des parties de l’image qui manifeste un ordre immanent à l’image même) et la créativité (de l’image, du "cadre" donné à voir comme du "hors cadre", soit facture et facteur), peuvent à mon avis étayer un concept d’art objectif.
4 Pratiques 3D
Avec la disposition de logiciels (comme Daz ou Wings 3D) et la contribution de milliers de modèles et objets gratuits (chez Daz, renderosity, ou shareGC...), nous n’avons plus à faire qu’à des procédés marchandising, mais à l’émergence d’une nouvelle pratique amatrice généreuse et coopérative. Dans ce modèle, l’utilisateur/consommateur laisse place au praticien qui développe une réflexivité, un partage et une amélioration (personnelle ou collective) de l’outil et de l’objet. Le praticien 3D est un technicien (attentif au rendu sensible de son image) et souvent un collaborateur généreux de ses connaissances autodidactes ou de ses modélisations. Les forums et les blogs témoignent de ce partage. Ils montrent cette nouvelle figure de l'amateur au coeur d'une révolution de la propriété intellectuelle et de l’accès aux savoirs, aux savoirs faire, savoirs vivre, savoirs théorique.
Je tiens mes modestes connaissances en 3D de tous ces amateurs.
Nonoko